Ceci est un blog invité par Serge Auguste MASSOCK (Doctorant Université de Yaoundé I)
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Les universités africaines sont aux prises à de nombreux défis de plusieurs ordres. Ces derniers tendent à traduire un déphasage avec l’ère du temps. Au plan politique, l’ère postcoloniale, peine à trouver un terrain d’expression souverain dans les amphithéâtres. Au plan économique, les crises à répétition conduisent à la diminution des moyens alloués aux infrastructures, à l’enseignement, la recherche et à l’appui au développement. Au plan démographique, de nombreuses universités africaines, généralement situées en zones urbaines se retrouvent débordés en raison de flux migratoires vers les villes. Au plan symbolique, les universités Africaines sont généralement parmi les moins cotées dans les classements universitaires mondiaux. Ce contexte de pénibilité académique, heuristique et identitaire interroge, à plus d’un titre des intelligences d’Afrique et d’ailleurs, sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour réactualiser la création universitaire en Afrique.
L’équipe du projet AFRUINI s’est réunie du 18 au 20 octobre 2023 à l’université de Yaoundé I. Dans le cadre de cette initiative, des étudiants doctorants à la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaine ont été conviés au déroulent travaux Les trois jours de concertation visaient à mettre en place des ateliers préparatoires à la phase opérationnelle du projet avec des groupes de populations estudiantines in situ. La journée inaugurale du 18 octobre 2023 à laquelle nous avons pris part, a constitué un point de méthode sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour dynamiser la création en milieu universitaire en Afrique. L’enseignement de la littérature y a occupé une place de choix dans le déroulement des travaux en raison de la capacité que revêt cette discipline dans la transmission de valeurs, des logiques, des rationalités d’une civilisation et d’un peuple. L’intervention phare dudit jour, a abondé dans le sens de la décolonisation des enseignements dans les universités Africaines afin qu’une plus grande place soit accordée non seulement aux classiques Africains mais également aux modèles théoriques élaborés par des universitaires du continent africain.
La suite des travaux en ateliers a exploré les possibilités d’un enseignement co-construit entre enseignants et étudiants. Cette combinaison innovante dans la transmission des savoirs universitaires en Afrique pourrait permettre l’émergence de nouvelles formes de productions scientifiques, en osmose avec les compétences respectives de chacune des parties prenantes, dans l’optique d’une prise en compte des problématiques du moment. Dans la même veine, la co-construction des savoirs universitaires ouvrirait la voie à un apprentissage orienté vers des besoins communautaires. Ainsi, les étudiants pourront mettre les savoirs savants facultaires, au service des problématiques des communautés situées à proximité des campus et au-delà. Pour joindre la parole à l’acte, l’équipe d’AFRIUNI s’est rendue en fin de journée à la Librairie des Peuples Noirs, chère à l’écrivain camerounais Mongo Beti. Cette visite guidée avait pour but de toucher du doigt les productions littéraires, des plus anciennes aux plus récentes et ainsi prendre le pouls de l’activité littéraire locale.