La visite du musée : témoignages de deux co-chercheurs de la RAP/ Our visit to the Museum: Narratives from two Co-researchers

Dans notre étude sur la vie créative des universités africaines, nous réfléchissons non seulement à la vie institutionnelle de nos études de cas universitaires, mais aussi à la vie des personnes qui passent par ces institutions et à la manière dont leur vie est façonnée par les établissements d’enseignement supérieur et vice-versa. Toutefois, la vie de la nation qui englobe l’établissement et la communauté de l’établissement ne peut être ignorée dans cette étude.

C’est pourquoi un aspect de notre recherche consiste à périodiser les changements dans l’histoire institutionnelle par rapport aux changements dans l’histoire nationale et internationale, en réfléchissant notamment à la manière dont l’établissement et l’évolution des politiques [inter]nationales, de l’administration politique, des stratégies de développement, etc. ont eu un impact sur ces institutions et sur les personnes qu’elles accueillent.

Nous voulions que nos étudiants co-chercheurs comprennent cela, le besoin de mémoire institutionnelle et comment cette mémoire et les expériences de ceux qui appartiennent aux institutions sont adjacentes à l’histoire nationale et internationale plus large. C’est pourquoi, dans le cadre du projet UNIYAO I, nous avons visité deux musées : le Blackitude Museum et le National Museum.

Les musées sont plus que de simples dépôts d’artefacts ; ce sont des centres dynamiques d’engagement communautaire et des ressources inestimables pour la recherche participative et l’étude des sciences humaines. Les excursions dans les musées ont offert aux étudiants une occasion unique de s’interroger sur les récits historiques de notre société et sur ce que cela signifiait pour l’institution à laquelle ils appartiennent et pour la vie des citoyens.

Le compte de Kloran

C’est difficile de le dire, mais si l’on veut être vrai, il faut le dire. Depuis un quart de siècle de mon existence, je n’avais jamais visité un musée. Á Yaoundé où je réside depuis l’obtention de mon baccalauréat en 2017, je n’étais jamais allé visiter un musée. Je pensais pourtant le faire, mais jamais je n’avais eu assez de force pour m’y lancer. Pourtant, je réside à moins de 500f (moins d’un $) de deux musées dont l’accès coûte 1000f (moins de deux Euros) en individuel et moins que cela en groupe. Il aura fallu que la nature veuille bien mettre sur mon chemin Afriuni qui, dans le cadre de nos douze (12) semaines de cours, a eu la magnifique idée de nous proposer la découverte de ce qui fait de l’Afrique ce qu’elle est : sa culture, ses traditions, ses us et coutumes. Ça ne me fait surtout pas plaisir d’avouer ne jamais entrer dans un musée, tout au contraire, j’ai un peu honte ; mais c’est la triste réalité, la réalité de notre génération dans laquelle personne n’est plus curieux de savoir qui il elle est, d’où-t-il vient, et où il va. Certains diront « la visite des musées c’est pour les riches » ce n’est pas toujours faux, quand on sait que dans un contexte Africain comme le nôtre, chacun est centré sur la recherche du gain. C’est pour cette raison que plusieurs structures scolaires et académiques ont pris cette responsabilité sur elles, afin de faire découvrir à leurs apprenants l’histoire de leur origine et les origines de leur histoire.

La dernière semaine de notre cours, il nous était demandé de choisir les musées dans lesquelles on aimerait aller faire une visite. Notre choix avait été porté sur deux musées principalement à savoir : le musée la Blackitude, qui conserve en son intérieur et dans une salle unique pour le moment, des objets représentants l’histoire des peuples à travers divers formes d’arts tels que les objets royaux, les sculptures, les costumes, les masques rituelles et cérémonielles, etc. et le musée National dont le bâtiment a servi de tout premier palais présidentiel dès 1960 qui quant à lui, est plus grand et encore plus fourni. Il compte une trentaine de salles dans lesquelles sont conter et exposer la vie du Cameroun, en partant des peuples, de leur culture, leur tradition jusqu’à l’essor politique. Pour la première fois, j’ai pu voir et toucher quelques objets dont je ne connaissais que de nom à partir de mes cours d’histoire et d’éducation civique au lycée tels que le Mvet, la Sanza, la castagnette… qui sont des outils traditionnels musicaux, le silex (pierre qui servait d’allume feu dans l’antiquité), des manuscrits de certains documents politiques, des albums photos retraçant l’histoire du Cameroun et plusieurs objets traditionnels et culturels dont il serait fastidieux voire impossible d’en faire une liste exhaustive.

Plus qu’une visite, c’était un voyage. Un voyage dans le passé de notre histoire, un voyage dans le présent, mais aussi un voyage dans le futur car, à travers cette visite, je me suis imaginé dans le passé de ceux qui ont contribué à laisser ces traces pour nous aider à retracer notre existence. Á travers le présent, j’ai pu comprendre d’où je venais et qui je suis vraiment, j’ai pu décliner que je suis le produit d’une histoire de plusieurs générations, ce qui m’a donné assez de force de me mettre en perspective pour imaginer le futur ; j’ai donc compris quel est le combat que je dois mener aujourd’hui afin de préserver nos cultures et nos traditions, en les sortant de la barbarie et en les protégeant pour les générations futures car, c’est notre patrimoine.

 Á travers ce voyage, j’ai compris que j’étais destiné à quelque chose de bien grand. Je pense que ce voyage qui a duré 05 heures de temps m’a apporté un plus dans ma manière de voir les choses et de les exprimer, ainsi que dans celle d’appréhender l’être, qu’il soit vivant ou mort. Je sais aujourd’hui que pour être ce que je suis, il y a eu de grands combats et je me sens appelé à poursuivre ce combat pour le pérenniser pour les générations futures afin qu’elles vivent encore mieux qu’aujourd’hui. Ces combats sont entre autres : la lutte pour l’égalité, l’accès à l’éducation de qualité et inclusive, l’accès aux soins de santé, la reconnaissance des droits des enfants et leur protection, la lutte contre toute formes de violences en l’occurrence basées sur la femme, la protection de notre écosystème et de notre patrimoine culturel… Pour concrétiser cela, au lendemain de cette visite, j’ai lancé un projet de création d’association dénommée (Action Genrée avec les Jeunes pour l’Émergence des Mentalités et l’Éducation à la Santé) en abrégé AGJEMES, qui est en cours. Plus que jamais, je me sens obligé de laisser une histoire à la postérité, cette inspiration est en partie grâce à Afriuni.

 

 

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In our study of the Creative Lives of African Universities, we reflect not only on the institutional life of our university case studies but also on the lives of the people who pass through the institutions and how their lives are shaped by the higher education institutions and vice versa. However, the life of the nation that encompasses the institution and the institution’s community cannot be ignored in this study.

Acknowledging that an aspect of our research entails the periodizing changes in institutional history vis a vis change in national and international history, particularly reflecting on how establishment and evolution in [inter]national policies, political administration, development strategies, etc., transposed to impacting these institutions and the humans they host

We wanted our student co-researchers to understand this, the need for institutional memory and how that memory and the experiences of those belonging to institutions run adjacent to the larger national and international story. Hence, as part of the UNIYAO I case, we visited two museums: the Blackitude Museum and the National Museum.

Museums are more than mere repositories of artefacts; they are vibrant centres of community engagement and invaluable resources for participatory research and the study of humanities. The museum trips offered students a unique opportunity to question historical narratives of our society, what that meant for the institution they belong to, and the lives of those within.

 

Chantal’s Account

Standing at the 20th May Boulevard in the heart of the capital city of Cameroon, Yaoundé, my attention is captured by a flock of birds flying so carefree in the boundless skies. I wonder if these birds ever look back and ask themselves, “Where do we come from?” This unnatural thought is the product of my persistent curiosity about my roots. Today is Museum Day for the AFRIUNI Participative Action Research team at the University of Yaoundé I. The team shall be visiting the Blackitude Museum and the National Museum, both of which are found in Yaoundé. Being a part of the team, I am super excited about the trip because it is my first time going to a museum, and I am hoping to learn more about my culture and the history of my people.

As we stepped into the exhibition room of the Blackitude Museum, I was instantly hit by an aura of sanctity that filled me with awe while at the same time spiking up my curiosity.

Even more intriguing about the museum was that most of the artefacts had not been put in glass boxes. “Could it be that they do not have enough funds to afford the glass boxes?” I asked the museum manager who was doing us the honour of giving us a museum tour.

“Many of these artefacts you see here have spiritual potency. Putting them in glass boxes would be an act of desecration.” He explained. Amongst all these artefacts, I was especially drawn to the Kungang, a masquerade with very long dark hair. I learned that each log of hair on it is formed from the hair of different individuals. What is even more intriguing about this is the fact that whenever the masquerade is taken out in public, the persons accompanying it are capable of planting a plantain sucker, making it germinate, bear fruits and ripen on the spot. Hearing this, I wondered what our country would look like if our educational systems instilled this logic of using our resources to solve our immediate and future problems. This could be one of the surest ways to become a self-reliant nation.

From the Blackitude Museum, the wheels of the bus carrying our AFRIUNI PAR team roll towards the former Unity Palace. Once home to ex-president Ahmadou AHIDJO, the former structure now harbours the National Museum. At the museum’s threshold, the soles of our feet were greeted by a giant rug, on which the words “NATIONAL MUSEUM” are boldly printed. The museum doors open into a hallway where two artefacts are placed, one to the left and another to the right. On the left is the carving of a lion_ which, according to the Museum guard, is a symbol of Cameroon’s national totem. To the right is the carving of a king and his entourage_ this image represents the hierarchical setup in the pre-colonial states and kingdoms of Cameroon.

The museum has several exhibition halls that allow one to time travel effortlessly into different ages and periods of Cameroon’s history. Within the approximately two hours we spent at the museum, I learned more about the origin and culture than I ever have in all my years of studying history in school. Especially when we stepped into the room where the national emblems of Cameroon were put on display. The moment I caught sight of the original copies of our national anthem, everything I had learned in translation class began to make more sense. Seeing the different changes that had been to the French version of the anthem, I understood then that language is more than just a tool for communication, it is a mirror for impact on how one sees oneself and how one perceives his or her environment, language is a tool for development. This trip to the museum changed my perception of language from being just a subject I am taught in school.

To think that what we saw that day is only the tip of the iceberg! According to the museum guide, close to 50,000 artefacts are still yet to be exhibited. Sadly, this cultural goldmine is unknown to many. The museum is visited mostly by tourists and very few locals. Like myself, many people have never been to a museum. This trip was an eye-opener; I intend to write an exciting article on museums in Cameroon to raise awareness.

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