Je suis Dr Finagnon André GAGA, membre de l’équipe du projet AFRIUNI (Creative Lives of African Universities) qui vise à explorer les représentations culturelles et les expériences vécues de la vie universitaire du continent africain de 1960 nos jours. La promenade pédestre du 03 mai 2023 avec Dr Ruth Bush (Cheffe de Projet AFRIUNI) et Dr Monique Kwachou (Collègue travaillant sur le même projet) m’a permis de mieux connaître l’histoire de Bristol (Royaume-uni), celle de l’Université et les rapports de ces deux espaces avec le commerce triangulaire (voir le site web ici).
Le point de départ de la sortie de l’équipe
Dans cette photo, nous avons laissé apparaître exprès, entre moi (à droite) et Ruth (assise à ma gauche) le logotype de l’Université. Ce logo comprend cinq symboles : un soleil pour la famille Wills, un cheval pour la famille Fry, un dauphin pour la famille Colston, un livre ouvert pour l’apprentissage, ainsi que le bateau et le château du sceau médiéval de la ville de Bristol.
Suite aux différentes explications des symboles gravés dans le logo de l’Université, j’étais très séduit par l’assemblage artistique de tous les éléments constitutifs. C’est assez créatif le travail de leur sélection qui est en phase avec l’histoire de la ville. Mais, j’ai éprouvé dans le même temps un sentiment de doute. Les symboles choisis dans le logo commémorent et honorent des figures de proue du commerce triangulaire à l’exemple d’Edward Colston et de Henry Overton Wills III. Pour preuve, il existe déjà des réflexions et des travaux visant à proposer une alternative au logo existant (voir ci-bas le logo actuel et un spécimen de proposition qui s’inscrit dans la même logique que le mouvement antiraciste ayant conduit au déboulonnage de la statue d’Edouard Colston le 7 juin 2020).
Alors, je me pose la question suivante : n’est-il pas contradictoire de présenter l’Université de Bristol comme un symbole de légalité, de tolérance et d’épanouissement de toutes les races, et de laisser survivre simultanément les traces d’un passé douloureux et très sensible susceptible de pousser à des révoltes ?
La famille Wills de Bristol: le temps n’a pas effacé la trace d’un grand nom, applaudi par les uns et critiqué par les autres
Pour immortaliser la promenade, j’ai joué le rôle de photographe sur cette image où Ruth se trouve à gauche et Dr Monique à droit. Il s’agit ici de Wills
Mémorial Building, l’un des bâtiments emblématiques de l’Université. Lorsque je suis rentré dans la salle spacieuse de ce bâtiment après quelques secondes de marche sur les escaliers, j’étais tout heureux et honoré d’avoir constaté que l’Université fait des efforts pour corriger les injustices historiques et sociales ; car à l’intérieur de cette dernière on y trouve suspendues au rang des grandes personnalités saluées par l’Université de Bristol, des figures « africaines ». Cela donne pour moi sens au devoir de mémoire et de réparation de l’histoire.
Au musée M-Shed de Bristol quelque chose a manqué pour que tout soit parfait
Un des musée de Bristol (le M-Shed) contient beaucoup d’images historiques renvoyant à la traite négrière, au passé commercial et industriel de la ville de Bristol… Tout était aussi beau que significatif, profond que réflexif. Cependant, c’est l’absence du bronze du Bénin relogé au British Museum à Londres que je n’ai pas pu voir en tant que Béninois qui m’a laissé insatisfait. Sa photo aurait pu être laissée à côté du descriptif afin j’apprenne aussi sur mon pays à Bristol où des compatriotes ont certainement pu séjourner et travailler péniblement.
J’ai été très heureux d’avoir beaucoup appris de cette promenade pédestre. Car, cette expérience m’a révélé davantage les constats fondamentaux qui justifient le bien-fondé du projet AFRIUNI. En effet, l’Université de Bristol se trouve être le lieu par excellence où les débats sur la mémoire de l’esclavage et la décolonisation sont d’actualité parce qu’elle fait face elle-même cette dernière décennie à de vives contestations antiracistes. Il suffit d’analyser le déboulonnage de la statue du marchand Edward Colston et les dénonciations fortes pour le changement de nom du Wills Mémorial Building, pour comprendre que Bristol est l’Université appropriée pour changer les approches décoloniales en vulgarisant peut-être les résultats qui découleraient des travaux du projet AFRIUNI… C’est donc une énorme chance pour moi d’avoir été ressourcé sur des éléments visuels et oraux de la colonisation. Au carrefour de passé, du présent et de l’avenir, le musée M-Shed de Bristol est un pont.
L’aventure scientifique continue.
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Superbe description de la visite. Bon séjour, chers ami. es !